Plaidoyer pour l’accessibilité aux services de garde subventionnés pour les enfants demandeurs d’asile- Tidal

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Table en immigration et diversité culturelle de l’agglomération de Longueuil (Tidal)

Agglomération de Longueuil, mai 2023

Plaidoyer pour l’accès aux services de garde et de halte-garderie des enfants demandeurs d’asile

Demande d’appui auprès des citoyens et citoyennes, organismes, concertations et élu.es de l’agglomération de Longueuil.

La Table en immigration et diversité culturelle de l’agglomération de Longueuil (Tidal) invite la population, les organisations, les concertations et les élu.e.s du territoire à prendre connaissance d’une situation inacceptable. En effet, la situation des familles à la recherche d’une place en garderie pour leurs enfants de 0 à 5 ans nécessite une intervention immédiate pour résoudre le manque d’accessibilité. Les haltes-garderies sont souvent une alternative pour celles et ceux qui n’ont pas trouvé de places permanentes. Toutefois, cela reste insuffisant. Des barrières additionnelles sont constatées pour les familles demandeuses d’asile pour qui, il est impossible d’avoir accès à des places en service de garde subventionnées avec toutes les conséquences que cela peut entraîner.

D’après le tome d’octobre 2020 du rapport 2020-2021 de la vérificatrice générale du Québec, 46 000 enfants étaient toujours en attente d’une place dans le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance. À ceux-ci s’ajoutaient 9 000 enfants qui fréquentaient un service de garde éducatif à l’enfance non subventionné et dont les parents désiraient obtenir une place dans un service de garde subventionné[1]. L’agglomération de Longueuil n’échappe pas à ce phénomène. Par exemple, seulement dans l’arrondissement du Vieux-Longueuil (Ville de Longueuil),  quatre haltes-garderies[2] ont mis en place des listes d’attente dont la moyenne est de 22 enfants par organisme.

Cette réalité difficile se voit exacerbée pour les familles demandeuses d’asile qui ont des enfants entre 0 et 5 ans, lesquels bénéficieraient d’une place en garderie. Malheureusement, depuis la modification à l’article 3 du règlement sur la contribution réduite, le gouvernement provincial ne subventionne plus les places en service de garde pour les enfants de demandeurs d’asile et ne permet plus à ces familles de recevoir les versements anticipés du crédit d’impôt pour frais de garde.

Cette situation empêche ces enfants de fréquenter une garderie et donc d’en tirer des bienfaits. En effet, les enfants qui joignent un service de garde subventionné développent un sentiment de sécurité par un environnement connu, une routine quotidienne et l’accès à un repas. De plus, ces enfants bénéficient d’un espace stimulant pour grandir, développer leurs compétences[3] et pour leur intégration culturelle, notamment l’apprentissage du français, autant des enfants que des parents. De par leur parcours migratoire difficile, ces enfants sont à risque de présenter des besoins particuliers ce qui amène les haltes-garderies à s’organiser différemment et à moduler leurs interventions en fonction des besoins spécifiques. La Table petite enfance (TPE) du Vieux-Longueuil a réuni les organismes qui offrent des activités de halte-garderie afin de mieux faire valoir leurs besoins aux différents partenaires locaux pour ainsi faire entendre les besoins des enfants de 0 à 5 ans et de leurs familles. Elles ont fait savoir qu’elles souffrent d’un enjeu de sous-financement, de rétention de personnel, face au nombre grandissant des enfants à défis particuliers, à la participation des parents aux cours de francisation, etc. Ces enjeux sont présents depuis bien avant la pandémie, mais celle-ci est malheureusement venue les exacerber[4]. Toutes des raisons pour lesquelles, selon les intervenant.e.s de proximité, les haltes-garderies de l’agglomération doivent gérer des listes d’attente qui s’allongent.

D’autre part, le manque de places dans les garderies subventionnées est l’un des plus gros problème que rencontrent les parents demandeurs d’asile. En effet, il devient plus difficile pour eux de s’intégrer à la société québécoise, entre autres, car ils devront attendre plus longtemps pour commencer la francisation ou se trouver un emploi. De plus, pour ces familles, la conciliation famille-travail-francisation suppose tout un défi, par exemple, l’un des parents doit travailler ou étudier avec des horaires de nuit ou de fin de semaine, tandis que l’autre doit s’occuper des enfants.

Souvent, dans ces familles, c’est la mère qui reste à la maison pour garder les enfants. Cette situation empêche un grand nombre des femmes demandeuses d’asile, en couple ou monoparentales, de sortir de la pauvreté. De plus, elles sont davantage pénalisées, car elles doivent attendre encore plus longtemps avant de s’intégrer, participer à la vie sociale ou communautaire et devenir plus autonomes.  Des études montrent que le processus d’intégration des femmes immigrantes au marché de l’emploi est plus susceptible de faire face à des obstacles persistants[5]. Plusieurs de ces femmes mentionnent vivre du stress, de l’anxiété, de l’isolement et de l’épuisement, car elles ne trouvent pas de répit à leurs obligations familiales et ont du mal à se trouver un moment pour prendre soin d’elles-mêmes.

Témoignage :

Je suis arrivée comme demandeuse d’asile du Burkina Faso en août 2018 avec mes deux filles de 16 mois et 3 ans et enceinte d’un troisième enfant. J’étais bientôt seule à la maison avec mes trois enfants. Tant que je n’avais pas reçu mon statut de réfugié, je n’avais pas accès à des services de garde subventionnés, à des places à temps plein en garderie.

En 2019, j’ai découvert les services d’un organisme communautaire qui avait une halte-garderie. J’ai pu y laisser mes enfants, au moins une ou deux journée par semaine, c’était la première fois que j’avais un peu de répit depuis mon arrivée, du soutien moral, un endroit pour socialiser. De plus, les intervenantes y ont dépisté des besoins particuliers pour deux de mes enfants, et m’ont accompagnée dans une demande de service.

J’ai eu mon statut en 2021. À partir de ce moment, mon plus jeune de 3 ans a pu avoir une place subventionnée en service de garde, les deux filles étaient rendues à l’école. Mon plus jeune a beaucoup amélioré son langage en allant à temps plein au service de garde. Mon aînée n’a reçu aucun service avant son entrée à l’école, elle a un diagnostic TSA, et aurait beaucoup bénéficié de soutien plus tôt dans sa vie. Sa sœur cadette avait elle aussi un retard de langage heureusement dépisté en halte-garderie, mais aurait eu l’occasion de mieux se développer s’il elle avait eu une place à temps plein.

Depuis mon arrivée au pays, je souhaitais entrer dans la vie active au lieu de vivre de l’aide sociale. J’ai donc fait un cheminement d’employabilité dans un organisme. J’ai aussi pu prendre des cours de conduite et obtenir mon permis. Je suis maintenant inscrite au Cégep en éducation à l’enfance. L’accès aux services de garde subventionnés m’a permis de mieux connaître la société québécoise, car je peux maintenant pleinement y participer. Je ne suis plus isolée, mes enfants non plus, et ils bénéficient maintenant de tout le soutien qui leur est nécessaire.

En conclusion, la Table en immigration et diversité culturelle de l’agglomération de Longueuil invite la population, les organisations, les concertations et les élu.e.s à appuyer les initiatives mises en place pour soutenir l’accès aux services de gardes subventionnés pour les enfants demandeurs d’asile. Le présent plaidoyer sera déposé aux bureaux de Mesdames les ministres du Québec Suzanne Roy, ministre de la famille, et Christine Fréchette, ministre de l’immigration, de la francisation et de l’intégration, afin de les mettre au courant des préoccupations du milieu. La TIDAL invite, tous et toutes, à signer ce document en appui à la démarche.

  • Alliance Carrière travail
  • Carrefour le Moutier
  • Centre de services scolaire des Patriotes
  • Comité Longueuil Villes Sans Racisme et Discrimination (CLVsSRD)
  • Corporation de Développement Communautaire de l’Agglomération de Longueuil
  • Maison Internationale de la Rive Sud
  • Pôle de l’économie sociale de l’agglomération de Longueuil
  • Table de concertation sur la situation des femmes immigrées de l’agglomération de Longueuil (TCSFIAL)
  • Ville de Boucherville
  • Vision Inter-Cultures

Si vous souhaitez signer le plaidoyer proposé, veuillez envoyer un courriel à Monique Maisoneuvre, membre du Coco de la Table sur la situation des femmes immigrées de l’ agglomération de Longueuil (TCSFIAL) au: suivi2@carrefourpourelle.org

Les nouvelles.signatures seront ajoutées à la liste le jeudi 8 et le jeudi 16 juin. 

Date limite pour aposter votre signature est le 15 juin à minuit.

Merci de votre contribution à rendre nos communautés plus accueillantes, plus solidaires et plus inclusives! 

 

[1] Observatoire des touts-petits, L’ACCÈS À DES SERVICES ÉDUCATIFS À L’ENFANCE DE QUALITÉ, (2020-2021), Christa Japel et autres, Département d’éducation et formation spécialisées, Université du Québec à Montréal (UQAM).

[2] Les haltes-garderies sont des services de garde inclusifs, multi âges, flexibles et accessibles aux familles. Les parents peuvent y amener leurs enfants âgés de 0 à 5 ans pour des journées complètes ou bien pour des demi-journées. La mission première des haltes est de faciliter la participation des parents aux activités des organismes communautaires Famille, de donner du répit aux parents qui en expriment le besoin et de favoriser le développement global des enfants par des programmes éducatifs adaptés.

[3] de socialisation, de motricité, etc.

[4] Les Haltes- garderies de Longueuil : une bouée de secours indispensables pour les familles!, 2022

[5] Statistique Canada, Les immigrants sur le marché du travail canadien, 2018.