« Les gens parlent déjà de la deuxième vague, mais nous, on ressent encore le ressac de la première, ajoute-t-il. En ce sens, les CDC vont être encore interpellées pour leur apporter du soutien. »
« Il y a eu un impact réel de la crise sur le personnel et sur nos offres de services, confirme Sylvain Dupont, directeur général de la CDC Haute-Yamaska. Les travailleurs du communautaire subissent des contrecoups psychologiques. »
Plusieurs CDC ont d’ailleurs dû mettre en place de la formation spécifique pour prévenir l’épuisement, un programme d’aide aux employés et offrir du soutien psychologique aux employés des organismes communautaires, révèle le sondage.
Parmi les services ayant dû être développés par les CDC pendant la crise, le soutien technique et l’accompagnement arrivent au premier rang (70,5 %), suivi de la création de cellules de gestion de crise et de la mise en place d’outils et d’activités (ex æquo à 22,7 % chacun). Une CDC sur cinq (20,5 %) a aidé ses membres à acquérir de l’équipement de protection, et 13,6 % ont offert du soutien psychologique ou mis sur pied un programme d’aide aux employés.
« Au printemps, on a tenu des cafés-rencontre de façon hebdomadaire pour briser l’isolement de nos membres et les soutenir. On sentait leur fragilité, leur anxiété, leur détresse. Il y a des organismes qui ont leurs locaux dans les bâtiments municipaux, qui ont été fermés au début de la pandémie. Du jour au lendemain, nos organismes sont devenus des sans-abris et n’étaient pas prêts à passer au télétravail », relate Marie-Josée Savard, directrice générale de la CDC Domaine du Roy, à Roberval.
Manque de bras
Avant même de subir la pression supplémentaire engendrée par la pandémie, les organismes communautaires étaient aux prises avec un manque de main-d’œuvre qui limitait leur champ d’action. « Cette pénurie est loin de s’être résorbée avec la COVID, bien au contraire, relève M. Boire. Dans les premières semaines de la pandémie, des organismes ont dû se priver de plusieurs bénévoles qui, pour éviter de propager le virus ou l’attraper, sont restés chez eux. »
« C’est aussi le cas si un travailleur attrape la COVID ou qu’il doit rester à la maison parce que son enfant ne peut pas aller à l’école : sa charge de travail repose sur les épaules de ses collègues en place » poursuit le directeur. Heureusement, certaines mesures d’aide financière d’urgence ont permis à des organismes d’embaucher. Mais ce n’est pas assez. »
Plus de la moitié des CDC se sont impliquées dans la prestation de services directs à la population. Parmi ceux-ci, le soutien pour l’aide alimentaire (56 %), l’accompagnement personnalisé (32 %) et l’aide au financement et au recrutement (12 %), indique l’enquête.
« Il ne faut pas oublier les problématiques en santé mentale, la sécurité alimentaire, le transport et les autres domaines d’interventions du communautaire. Ces réalités-là n’ont pas disparu pendant la pandémie », rappelle Jean Brouillette, directeur de la CDC des Chenaux.
Le nerf de la guerre
Le financement demeure le nerf de la guerre. Même si le gouvernement a débloqué des fonds pour soutenir l’action des organismes, ceux-ci pourraient se retrouver affaiblis par une diminution importante de leurs autres sources de revenus.
« Beaucoup de nos organismes dépendent d’ateliers et d’autofinancement, rappelle M. Dupont. Beaucoup des activités prévues ont été annulées, ce qui a un impact sur l’avenir de ces organismes. »
Plusieurs dirigeants d’organisme redoutent une diminution de leur financement le printemps prochain, moment où l’aide financière sera déterminante pour la suite des choses, confie Martin Boire.
« Souvent, la grande partie des budgets des organismes vont en salaires. Si on diminue leur financement, c’est parfois un employé dont on doit se passer », note le président de la TNCDC, rappelant que toute coupe dans le financement des organismes entraîne des « choix douloureux » alors que les besoins en services sociocommunautaires ne vont que croître tant que durera la pandémie.
Marie-Josée Savard, elle, préfère demeurer optimiste. « On peine déjà à se maintenir à flot avec les budgets actuels, dit-elle. Mais j’espère toujours que le gouvernement a réalisé le rôle essentiel du communautaire pendant la pandémie et qu’il ajustera son financement en conséquence. »